Guinea-Bissau
Perspective économique en Guinée-Bissau

L’année qui a suivi le retour à l’ordre constitutionnel en 2014, la Guinée-Bissau a connu une dynamique
positive. Mais depuis, le pays connaît une période d’incertitudes. En effet, entre juin 2015 et décembre 2016,
quatre Premiers ministres ont été limogés. Et le 14 janvier 2018, le Premier ministre Umaro Sissoco Embalo a
donné sa démission. Un blocage institutionnel s’est enclenché ne permettant pas au Parlement de se réunir au
cours de l’année 2016. Malgré ce contexte politique délicat, la croissance du produit intérieur brut (PIB) est
estimée à 4.9 % en 2016, tirée par une bonne campagne agricole. Les performances économiques demeurent
ainsi fortement exposées à des chocs exogènes.
Porté par une campagne de commercialisation de la noix de cajou exceptionnelle et par une récolte agricole
vivrière en nette augmentation (8.9 %), la reprise ayant suivi le retour à l’ordre constitutionnel se confirme.
Cependant, le contexte politique incertain a pesé négativement sur le potentiel de croissance. L’administration
publique a contribué négativement à la croissance du PIB (-0.5 %). Par ailleurs, le climat politique n’a pas été
propice aux investissements, ce qui a pesé sur le potentiel et la qualité de la croissance.
L’année 2016 a aussi été marquée par le gel des appuis budgétaires des bailleurs motivé par un sauvetage
bancaire opaque effectué en 2015 par les autorités et ce pour un montant de 34.2 milliards XOF (Franc CFA
BCEAO), représentant 5.6 % du PIB. L’année 2017 devrait voir un retour des appuis budgétaires, sur la base
d’engagements pris par les autorités pour défaire ce sauvetage. Les taux de croissance pour 2017 et 2018
sont estimés à 4.8 % et 5.0 % respectivement, dans l’hypothèse de la résolution des tensions politiques
actuelles, d’une pluviométrie égale à celle de 2016, d’un maintien du prix de la noix de cajou, du démarrage
des investissements dans le secteur des phosphates dont la mise en production est prévue pour 2019, ainsi
que du maintien du cap des réformes engagées.
Au niveau des réformes relatives à la gestion des finances publiques, la mise en place de certaines
mesures en 2014-15 ont continué de porter leurs fruits, notamment dans le domaine fiscal. Pour 2017 et
2018, les réformes des recettes planifiées, comme la mise en place d’une facture unique mentionnant le
numéro d’identification fiscale, devraient renforcer les perspectives et entraîner une hausse des recettes.
Les dépenses ont été, elles, plus importantes qu’en 2015, notamment du fait du remboursement de la dette
interne. Le taux de pression fiscale stagne à 9.6 % du PIB. Le solde budgétaire global se situe à -4.0 % du PIB
et le solde primaire à -3.3 % en 2016. Enfin, l’inflation, est estimée à 2.6 % sur fond de reprise de la demande.
La situation sociale et du développement humain n’a pas connu de changements importants par rapport à
l’année précédente et la situation globale demeure préoccupante. Le pays détient l’un des plus bas indicateurs
de développement humain (IDH). Les carences sont néanmoins importantes et sont d’autant plus marquées
concernant les femmes et les populations rurales. L’absence de budget pour l’année 2016 n’a pas permis de
planification efficace dans les secteurs sociaux. Les difficultés fiscales devraient continuer de peser sur le sous-
investissement chronique et ne pas permettre d’amélioration marquante en termes de développement humain.
Journaliste